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Mouchoirs

Jadis, on l'agitait sur le quai d'une gare,

On s'en tamponnait le front et le cou, les dimanches d'été, on le proposait à une dame, en délicatesse, on le remettait à la hâte dans sa poche après s'être joliment mouché.

Ma grand-mère le fourrait dans sa manche, on le glissait dans son soutien-gorge, espérant ainsi tromper son monde.

Et dans la poche des enfants, on avait pris soin d'inscrire un nom.

On effaçait une trace de rouge à lèvres ou une larme de Rimmel, on les lavait, les amidonnait, les repassait.

Délaissés au profit des papiers, relégués au fond des armoires, transformés en chiffon, grands pour les hommes, plus petits pour les femmes, ils sont troués, rouillés, piqués, ou finement brodés.

Je tente aujourd'hui de leur arrondir la vie, une dernière fois.